Jeunes filles, mamans et mannequinat

3 décembre 2014


J'ai reçu pas mal de mails de Mamans inquiètes. Une fille* qui veut absolument tenter l'aventure dans le monde du mannequinat au péril de ses études. Lâcher le lycée pour se perdre dans un monde compliqué si jeune. En effet, certains reportages télévisés montrent des jeunes filles étrangères d'à peine 14 ans dont le corps est à peine formé, envoyées en dehors de chez elles par un agent scout leur promettant de faire décoller leurs carrières. Dit comme ça, le rêve est vendu.
Mais il en est tout autre (je vous suggère de vous référer à ce reportage que j'avais partagé il y a quelques mois "le voyage d'un jeune top model"). 

J'avoue que c'est très complexe, comme situation. On dit qu'à partir de 18 ans une mannequin devient "vieille" mais avant, elle est toujours considérée comme mineure bien évidemment. Où est le juste milieu ? Ca peut effrayer. Des concours de mannequins exigent que les demoiselles participantes soient âgées entre 14 et 17 ans. Pile dans le créneau de l'adolescence où les rêves et ambitions se développent sans anticiper le futur, et surtout où le corps typique du mannequin est naturellement mince à cet âge-ci. Ces concours sont une bonne chose car les filles repérées et sélectionnées vont être suivies par une agence réputée et sérieuse et bien souvent recommandent qu'elles poursuivent leurs études en parallèle de ce début de carrière. A 18 ans elles seront donc "à point" (comme un steak, oui) pour se lancer dans le vif du sujet. Et débuter une carrière ! 

Cependant, postuler de son propre gré à un âge si jeune est difficile. Certes, on peut rêver d'être mannequin mais il faut savoir que même si on s'en donne les moyens, ce n'est jamais certain que vous y arriviez. Le physique uniquement compte, et le physique, aussi beau soit-il n'est pas une valeur éternelle. Le corps change à une vitesse incroyable. Une silhouette menue d'une demoiselle de 17 ans ne sera plus la même une fois le processus hormonal enclenché sur vitesse rapide. Malheureusement, les troubles alimentaires peuvent apparaitre à cet instant précis. Ne plus contrôler l'évolution naturelle de son corps peut s'avérer terrifiante, surtout quand le corps est un outil de travail. Le mannequinat nécessite d'être bien entouré, d'amis extérieurs et de famille de bons conseils.
Avoir de l'esprit est apprécié mais hors caméra. Ce n'est pas la qualité première recherchée. La mode change et une réussite dans ce milieu est bien souvent liée au potentiel de la fille, à sa manière de s'adapter aux jobs et aux modes. On peut rêver de ce métier mais il faut tout de même s'accrocher aux valeurs sûres : aux études. Une base solide, comme une première pierre qui ne tombera jamais et qui permet de se reposer dessus en cas de problème dans une carrière parallèle. 

J'ai moi même opté pour la sécurité, à savoir ne jamais lâcher mon cursus scolaire et je suis aujourd'hui convaincue que c'était la meilleure des choses à faire. J'ai débuté ma carrière alors que j'étais en Terminale, puis j'ai continué mes trois premières années de Fac en alternant jobs/castings et cours. C'était très difficile à gérer, d'autant plus que j'avais beaucoup d'autres activités extra-scolaires. Ce n'est qu'une fois ma licence en poche que j'ai décidé de m'y consacrer à 100%, en étant sûre de pouvoir retomber sur mes pattes si la mode n'était pas faite pour moi. J'ai pris mon book photo et mon CV sous le bras, direction Paris. En plus de m'avoir appris l'organisation, j'ai appris à être rigoureuse et à planifier ma vie. Je sais jongler entre plusieurs boulots (liés au mannequinat ou pas) et mes activités secondaires. Cette manière de fonctionner depuis maintenant presque 8 ans m'a permise de remplir mes journées et de rencontrer plus de monde que je ne l'aurais cru. Je ne sais encore pas à ce jour comment j'ai réussi, mais ça fonctionne. Aujourd'hui j'ai besoin d'être en effervescence permanente, de voyager, de rencontrer des inconnus, d'échanger sur le métier, c'est devenu une drogue très fatigante mais utile à mon épanouissement personnel. 

J'aime rassurer les Mamans en leur disant que cette aventure est possible (ce qui rassure aussi les jeunes filles qui m'écrivent totalement affolées en pensant que c'est une porte fermée d'avance !). Il faut cependant veiller aux grains les premières années. Les premiers jobs peuvent monter rapidement à la tête et l'entrée en agence peut faire perdre pieds. L'idée est de rester humble quoiqu'il arrive et de compter sur le soutien de ses proches en cas de déceptions, car oh oui, il en existe énormément dans ce monde là. Toujours garder en tête que cette carrière est éphémère mais peut servir de tremplin vers un emploi futur lié à l'image. Il faut en vouloir pour percer et ne jamais baisser les bras tout en sachant que ça ne durera pas. C'est troublant, c'est vrai, mais c'est un rythme qui me plait et un challenge quotidien terriblement excitant ! Ca ne plait pas à tout le monde car la sécurité de l'emploi n'est pas au rendez-vous. Mais après tout, j'aime ne pas savoir où je serai demain et pour les plans de vie personnelle, si vous vous posez la question, je les construits doucement, au jour le jour. 

J'espère avoir éclairé certaines lanternes, en avoir guidé d'autres. 

x

* Au féminin mais bien entendu l'article concerne également les jeunes garçons mannequins en devenir ! 


Billet rédigé en exclusivité pour :



3 commentaires

  1. Encore un bel article miss!
    Tu écris si bien :)

    http://fashioneiric.blogspot.com.
    Coline ♥

    RépondreSupprimer
  2. Un bel article plein d'esprit et de bon sens, et un bon exemple à suivre !

    RépondreSupprimer